Pour bien comprendre cette relation atypique de Sully Andoche au théâtre, et en quoi elle participe à la qualité et à l’originalité de son oeuvre qui constitue un véritable répertoire, à ce jour unique, de théâtre réunionnais, il est important de savoir que cet auteur, aujourd’hui (enfin) édité, ne s’est jamais considéré, et cela reste d’actualité, comme un véritable auteur. À peine accepte-t-il d’être un conteur (il l’est vraiment et pas des moindres) qui viendrait donner, de temps en temps, un coup de main au théâtre. J’imagine que le théâtre lui permet de s’extraire temporairement de la pratique solitaire du rakontèr zistwar, qu’il lui offre le plaisir ludique d’explorer une autre discipline artistique, par essence collective, et qu’il investit avec le même enthousiasme que celui qu’il partageait, dans les années 70, avec ses copains de l’équipe de handball du Foyer de Joinville. Un sport collectif, des camarades de terrain, regroupés autour d’un ballon, mais aussi rassemblés pour lutter et défendre l’expression d’une culture réunionnaise en marche, qui se cherchait et qui se criait pour mieux se créer.
Luc Rosello,
Centre Dramatique National de l’océan Indien.